La tournée présidentielle dans le Haut-Ogooué, le 12 août, a offert un spectacle médiatique bien huilé. Un Chef de l’État inaugurant à tour de bras des infrastructures présentées comme des avancées majeures. Pourtant, derrière l’éclat des rubans coupés et la satisfaction affichée, ces inaugurations reflète-t-elle les véritables priorités du Gabon ou sert-elle avant tout une opération de communication politique ?
La liste des infrastructures mises en service interpelle, à l’exemple du « pavillon présidentiel entièrement rénové » à l’aéroport de Mvengue, doté d’une suite et de salons spacieux.
Si le confort du Chef de l’État est une chose, son inauguration en grande pompe soulève une question de symbole. Etait-ce là l’investissement le plus urgent pour la province du Haut-Ogooué ?
Pendant que l’on célèbre des salons VIP, de nombreux Gabonais, y compris dans cette région, luttent encore pour un accès fiable à l’eau potable, à l’électricité ou à des routes praticables.
Le même questionnement s’applique à la « salle de conférence Marcel Sandoungout », présentée comme un espace polyvalent doté « d’équipements audiovisuels de dernière génération ».
Sa pertinence immédiate pour le citoyen lambda reste à démontrer. Qui utilisera cette infrastructure high-tech et à quelle fréquence ? Surtout, qui financera sa maintenance coûteuse pour éviter qu’elle ne devienne, à terme, un nouvel « éléphant blanc », magnifique mais sous-utilisé ?
Le spectacle de la modernité semble parfois l’emporter sur la réponse aux besoins fondamentaux et diffus.L’inauguration de l’hôpital interdépartemental de Moanda est, sur le papier, l’initiative la moins contestable. Améliorer l’offre de soins est une nécessité absolue.
Mais l’histoire de notre pays est jonchée d’hôpitaux flambant neufs et cruellement vides. La véritable épreuve pour cette infrastructure ne réside dans sa capacité à fonctionner durablement.
Un bâtiment, aussi moderne soit-il, n’est qu’une coquille vide sans un personnel médical suffisant, qualifié et correctement rémunéré.
Il est inutile sans un approvisionnement constant en médicaments et sans un budget de fonctionnement qui garantit la maintenance des équipements.
L’inauguration répond à la question de l’infrastructure, mais laisse en suspens les questions cruciales des ressources humaines et financières.
Cette tournée s’apparente à une campagne de relations publiques parfaitement exécutée du « Président bâtisseur » qui agit et qui livre, en contraste avec l’immobilisme passé.
Chaque projet devient un décor pour la communication présidentielle, une preuve tangible destinée à asseoir une légitimité encore en construction.
